L’humeur de ma mère pouvait changer d’une seconde à l’autre de manière totalement imprévisible, alors je marchais constamment sur des œufs. Je portais attention à tout ce que je disais ou faisais pour éviter qu’elle se fâche.

Un matin comme les autres, Janis, 9 ans, mange tranquillement ses céréales devant son émission préférée, lorsque sa mère lui annonce: « tu t’en vas à la DPJ. » Ce jour-là, sans aucun préavis, la fillette allait faire sa valise, intégrer sa première famille d’accueil et entamer un chemin inconnu parsemé de défis et d’apprentissages.
Aujourd’hui, c’est une jeune femme forte, déterminée et résiliente qui s’ouvre à nous pour porter un message d’espoir à travers son histoire.
Une enfance marquée par l’instabilité
Avant de se retrouver sous la protection de la jeunesse, Janis grandit dans un foyer où en apparence, tout semble parfait. Vêtements neufs, garde-manger bien rempli, consoles de jeux vidéo, cours de ballet, cours de dessin: elle a tout d’une enfant choyée. Et pourtant, la réalité est tout autre.
Avec un père absent et une mère confrontée à divers enjeux, son frère, qui a à peine neuf ans de plus qu’elle, se voit contraint d’endosser le rôle parental. Même si les biens matériels abondent, les manques émotionnels, eux, sont immenses.
Pour ajouter au climat d’instabilité, la famille enchaîne une dizaine de déménagements en un court laps de temps, forçant chaque fois les enfants à changer d’école et à quitter leurs amis. Lorsque son frère quitte la maison à l’âge de 16 ans, Janis se retrouve face à une mère complètement dépassée et incapable de prendre ses responsabilités.
« J’ai toujours été sage, mais elle s’est mise à menacer de m’envoyer à la DPJ si je ne l’écoutais pas. J’avais peur de ne pas être assez parfaite pour qu’elle me garde. »
Et puis un jour, sans que rien de particulier ne se produise, sa mère met sa menace à exécution. « Je ne lui en veux pas. Je sais qu’elle m’a donné tout ce qu’elle pouvait », raisonne la jeune femme.
Goûter aux joies de l’enfance
Au cours des années suivantes, l’enfant habite dans trois familles d’accueil et entretient des liens difficiles avec sa famille biologique. Des moments de grâce viennent heureusement illuminer son parcours et contribuer à façonner la jeune femme forte qu’elle deviendra.
« Ma première famille d’accueil m’a ouverte sur le monde. J’étais une enfant curieuse, toujours dehors à faire du vélo, regarder les étoiles, faire du camping. J’ai commencé aussi très jeune à travailler à l’épicerie familiale et j’adorais ça! Je suis toujours amie avec la petite-fille de ma mère d’accueil. Elle est intervenante aujourd’hui. »
L’école: un refuge et un tremplin
À l’adolescence, Janis traverse des épreuves qui ébranlent sa confiance et éveillent des traumatismes. Si ces expériences laissent des traces indélébiles, elle refuse de se laisser abattre pour autant et de baisser les bras. L’école devient pour l’élève douée et motivée qu’elle est un refuge, et son succès scolaire allait devenir le fondement de son avenir.
J’ai adoré mon secondaire! J’étais au programme d’études internationales, j’étais impliquée dans une foule d’activités et j’ai développé de grandes amitiés avec les élèves de mon groupe. L’école était mon échappatoire, mon havre de paix. J’y ai trouvé le sentiment d’appartenance dont j’avais besoin.
Une force née de l’adversité
Les obstacles et les souffrances rencontrés par Janis forgent en elle une force et une détermination à toute épreuve. « Mon expérience de vie a fait en sorte que je n’ai pas eu le choix de devenir débrouillarde et autonome rapidement. J’ai appris à développer des stratégies et je suis toujours en mode solution devant un problème. Je ne peux pas abandonner. Baisser les bras, ça n’existe pas pour moi! »
La transition vers l’indépendance
C’est portée par sa grande détermination qu’à l’aube de ses 18 ans, alors qu’elle poursuit ses études au Cégep en cinéma, Janis prend son envol vers la vie adulte. Mais elle n’est pas seule. Le soutien crucial de son intervenante facilite grandement l’arrivée dans sa vie de cette étape charnière.
Mon intervenante a été extraordinaire. Elle ne s’est pas contentée de me parler des ressources, elle m’a accompagnée pour me les présenter et pour bien m’expliquer leur fonctionnement. Elle m’a même aidée à déménager! Grâce à elle, ma sortie de la DPJ s’est bien passée. J’étais prête et outillée.
Le rôle crucial de la Fondation
Il faut dire que dès son secondaire, l’intervenante de Janis lui apprend l’existence de la Fondation des jeunes de la DPJ et de son programme Transition vers la vie autonome. Une information qui allait ouvrir ses horizons et élargir le champ des possibles pour son avenir.
Trousseau de départ en appartement, frais de scolarité au Cégep et à l’université, transport, matériel scolaire: le soutien de la Fondation permet à la jeune adulte de s’installer et de poursuivre des études supérieures sans stress financier, alors qu’elle doit subvenir seule à ses besoins
Savoir que la Fondation allait être en mesure de m’aider à payer mes études, ça m’a apporté une grande tranquillité d’esprit. J’ai pu étudier tout en payant mon épicerie, mes comptes et mon appartement. Sans l’aide de la Fondation, ça aurait été tout un défi d’aller à l’université.
Plus qu’une aide financière, la générosité des donateurs lui a donné l’élan de croire en ses rêves.
Qu’on croit suffisamment en moi et en mon potentiel pour me soutenir m’a vraiment motivée dans mes études. J’étais assez importante pour qu’on investisse en moi! Ça m’a donné des ailes.
Un message d’espoir
Détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires depuis décembre dernier, Janis envisage maintenant l’avenir avec confiance et optimisme. Parallèlement à son travail qu’elle adore, elle s’implique activement auprès d’organismes comme CARE Jeunesse et s’investit dans des projets signifiants qui lui tiennent à cœur. Sa sensibilité, son vécu et sa grande capacité d’introspection ont notamment été mis à contribution dans la pièce de théâtre Monstres, présentée avec succès l’hiver dernier à la Salle Fred-Barry, ainsi que dans la création d’un livre destiné aux enfants par la Société de recherche en orientation humaine (SROH).

Pour Janis, il n’y a aucun doute: donner à la Fondation peut changer le cours d’une vie. « Ça donne espoir aux jeunes et ça leur envoie le message que malgré leur passé difficile, ils peuvent s’accrocher à leurs rêves. C’est le plus beau cadeau que quelqu’un peut faire à un jeune de la DPJ. »
En adhérant au programme de dons mensuels de la Fondation, vous accompagnez tout au long de leur parcours des jeunes qui, comme Janis, ont énormément de potentiel. Grâce à votre soutien continu, ils peuvent s’épanouir et réaliser leurs projets de vie!